Petit tambour

Petit tambour de Baptiste Ménage

222 pages


eBook : 9,99 €

4e de couverture

 Pierrot a huit ans. Il n’a aucun souvenir de son père Charles, soldat dans la Grande Armée parti six ans plus tôt. Des lettres parviennent pourtant à sa maman. 
Un jour, alors que Charles manque à sa promesse de retour, Pierrot laisse sa colère l’entraîner vers une aventure périlleuse. 
Armé d’un petit-tambour, il part seul en quête de son papa dans un bivouac militaire installé non loin. Parmi les pères de substitution de cette compagnie de soldats, Pierrot se bat pour découvrir la vérité. 

Premières pages

I

9 ans et 5 mois avant l’assaut de la Voire

La chaleur écrasait les hommes au mitan de cet été 1804. Un vent d’ouest avait pourtant soufflé tout le jour depuis la Manche. Charles mourait de fatigue. Comme beaucoup d’autres, il avait un peu abusé de l’alcool de prune distribué aux officiers pour célébrer cette journée qui avait commencé tôt. Napoléon, pour la première fois, avait souhaité décorer des militaires de l’Ordre de la Légion d’honneur. Cette distribution solennelle avait demandé plusieurs jours de préparation. Le camp tout entier s’était agité sans arrêt. Charles avait dû veiller aux détails pour chacun des hommes de sa compagnie. Mais l’événement avait été d’une beauté incomparable, en bord de mer, comme seul l’Empire savait en offrir. Deux mille hommes furent décorés devant plusieurs dizaines de milliers de leurs congénères. Bien sûr, la marine anglaise avait tenté, sans succès, de gâcher la fête en tirant quelques boulets de canon depuis le large. Pour seule réponse, les Français leur avaient opposé un rire sarcastique et provocateur.
Alors que Charles, recru, glissait paisiblement dans le sommeil, la porte de son baraquement de bois s’ouvrit dans un fracas.
— Charles… Mon Capitaine… dit un jeune homme dépenaillé en entrant.
— Mouis, tu es soûl comme un tonneau ! invectiva l’intéressé, sans élever la voix. Tu es encore allé voir grisette ?
— Non. Oui. Pour fêter les médailles. On n’en a pas eu alors je me suis récompensé tout seul, répondit le jeune lieutenant titubant. Tu veux que je t’amène aussi mon Capitaine ?
— Laisse-moi dormir.
Sans un mot de plus, le lieutenant de vingt-six ans s’effondra sur son lit, face en avant.
Son rire subit, remède invariable à la morosité des officiers du 33e se noya sans coup férir le temps d’une nuit.
Charles en voulait à son ami de l’avoir interrompu dans ses rêveries. Il y accédait d’autant mieux qu’il avait bu, comme c’était le cas ce soir-là. Il rêvait encore à cette dernière nuit passée dans les bras de sa douce femme, la veille de son départ. Il l’avait prise plusieurs fois jusqu’à une heure avancée. Il s’était imaginé déjà loin d’elle, parmi les hommes, et s’était dit à chaque coup de reins qu’il fallait en profiter. Encore, en profiter. S’il avait commencé tendrement, il avait fini par devenir brusque, et lui faire mal. Les images de ses batailles passées, comme souvent, lui étaient revenues sans prévenir. Il avait fait mal à sa femme chérie parce que des visions terribles avaient déchiré son esprit. Alors, il l’avait déchirée, elle aussi, comme cette balle qui avait troué sa peau à Marengo, et à laquelle il avait survécu. C’était un dur. Il avait été dur à l’intérieur de Pauline. Il savait qu’il ne la reverrait pas de sitôt. « Le dernier coup de canon avant la bataille », auraient dit ses hommes.
Comme Napoléon voulait envahir l’Angleterre, on avait donné cinq jours au capitaine Charles Pratlong pour rejoindre sa compagnie à Boulogne-sur-Mer. Il avait débarqué sans enthousiasme dans cette immense ville temporaire de soixante mille hommes, faite de tentes rangées en bataille pour la troupe et de baraquements de bois pour les officiers. Ici des rues éphémères portaient des noms de victoires, et séparaient les bataillons et les régiments dans un ordre impeccable.

Le plus du roman

  • Une belle dramaturgie. 
  • Des scènes très visuelles, agréables à lire. 
  • Un récit initiatique sur le thème de la confiance et de la virilité. 

Interview

Qu’est-ce qui vous pousse à écrire ?
L’envie de raconter une belle histoire, pour commencer ; l’amour des mots, ensuite ; le besoin de m’échapper, enfin.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Ce livre existait initialement sous la forme d’un scénario de court-métrage d’une vingtaine de pages, dont le récit était exclusivement centré sur les péripéties de Petit Tambour. Ce premier roman fut pour moi l’occasion d’évoluer dans le contexte historique de l’Empire napoléonien, qui me passionne. De surcroit, j’ai toujours aimé les romans initiatiques, et j’avais très envie d’aborder les thèmes de la confiance et de l’idéal de virilité.

Comment vous en est venue l’idée ?
L’idée m’est venue un soir de noël, lorsque mon père m’a fait écouter pour la première fois la merveilleuse chanson « Petit Tambour » reprise par Nana Mouskouri. De nombreuses images me sont très vite venues à l’esprit, et ont continuellement nourri mon récit.

On en parle dans les médias

Très bel article de Thibaut Longin dans Midi Libre sur Petit tambour de Baptiste Ménage Lire l’article

1 Comment

  1. Petit Tambour :

    Cette très belle histoire poignante et passionnante m’a beaucoup émue.
    Je me suis trouvée plongée dans le contexte explosif des guerres napoléoniennes avec le jeune Pierrot, cet enfant de huit ans qui part à la recherche désespérée et courageuse de Charles, son papa : il va mener son enquête à sa façon dans l’espoir de le retrouver.
    Avec une belle écriture très vivante, dans un style fluide et précis , deux intrigues indépendantes sont menées en parallèle, il faut dire que l’auteur les intègre fort habilement dans l’ambiance de l’époque.
    Des personnages bien humains et magnifiques qui, face aux évènements, prennent de l’ampleur et deviennent ainsi plus réalistes et attachants.
    Remarquable et bouleversant !

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